LES TÂCHES
Gaston COUTÉ

L’matin, au coup d’clairon des oés
On saute à bas au grand galop
Et l’on s’en va-t-aux champs piocher
Jusqu’à midi à nout’ clocher.
Pis on r’pioch’ tout le temps du tantôt.
Le souer, on rentre à la maison
Pour manger la soupe au cochon,
Et près d’sa femme eun’ foués coucheé,
Avant d’dormi’ faut ‘cor’ bûcher.

Et v’là comm’ ça qu’est cheu nous :
On se r’pos’ qu’un coup dans l’trou.

On trim’ comme eun’ bête el’ lundi,
On fait la mêm’ chous’ le mardi,
Et pou se r’poser l’méquerdi,
On fait comm’ lundi et mardi;
L’jeudi, à seul’ fin d’se changer,
On va vend’ son beurre au marché.
Le venterdi et le sam’di
On r’prend la tâche du méquerdi
Et, l’dimanch’ quand on prend du r’pous,
On n’le sent pas pasqu’on est saoul.

Tout l’hiver on bat à grands coups
Su’ l’air des granges le blé d’août.
Un coup qu’arrive el mois de mars
On peign’ les champs avec sa harse.
Grobants sous l’souleil en été
On fane el’foin, on fauche el’blé.
En omne on coupe el raisin.
On fait l’vin doux, on sème el’grain.
Et quand que r’vient les moués d’janvier,
Reste pas qu’à s’chauffer les pieds.

Quant on est tout petit petiot
On va-t-à l’écol’ de l’hamieau.
Quand qu’on attrap’ douze à treize ans
Faut s’en aller piocher aux champs.
À vingt ans on sert sa patrie,
En s’en r’venant d’là on s’marie,
On fait d petits à soun heure,
On est patriote, électeur,
Contribuabe!…et ça continue
Jusque là ousqu’on n’en pouv’ pus…

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