ELLE N’EST PAS MORTE
Eugène POTTIER - PARIZO


On l’a tuée, à coup de chass’pots
A coups de mitrailleuses,
Et roulée avec son drapeau
Dans la terre argileuse.
Et la tourbe des bourreaux gras
Se croyait la plus forte.

Tout ça n’empêche pas Nicolas, }(bis)
Qu’la commune n’est pas morte

Comme faucheurs rasant un pré,
Comme on abat des pommes,
Les Versaillais ont massacré
Pour le moins cent mille hommes.
Et ces cent mille assassinats
Voyez c’que ça rapporte.

Ils ont fait acte de bandits,
Comptant sur le silence,
Ach’vé les blessés dans leurs lits,
Dans leurs lits d’ambulance.
Et le sang inondant les draps
Ruisselait sous la porte.

Les journalistes policiers,
Marchands de calomnies,
Ont répandu sur nos charniers,
Leurs flots d’ignominie.
Les Maxim’Ducamp, les Dumas,
Ont vomi leur eau-forte.

C’est la hache de Damoclès
Qui plane sur leurs têtes.
A l’enterrement de Vallés
Ils en étaient tout bêtes.
Faut dire qu’on était un fier tas
A lui servir d’escorte!

C’qui prouve en tout cas, Nicolas…
Bref tout ça prouve aux combattants
Qu’Mariane a la peau brune
Du chien dans l’ventre, et qu’il est temps
D’crier " Vive la commune!"
Et ça prouve à tous les judas
Qu’si ça marche de la sorte,

Ils sentiront dans peu, nom de dieu!…

Front Musical d'Intervention - fmi2@online.fr - http://fmi2.free.fr